Two-Ducks-In-Montreal

Récit de voyage d'Antoine et Simon

Samedi 30 juillet 2011 à 8:39

Bonsoir les z'amis!

Après une longue période sans article, en voici un assez important, de la catégorie Vrac, donc je vais y discuter de mœurs étranges et autre coups de cœur sur l'univers québécois qui m'entoure.

Sur la vie que je mène ici, rien de très spécial à part :
-que j'ai gouté LA poutine ULTIME, celle de La Banquise, en compagnie de Ludovic, Julien et Arnaud, un ami à eux, très sympa.
-qu'une autre soirée se profile demain (feux d'artifice puis casino avec, devinez qui, voir au dessus sans Arnaud^^)
-et une autre dimanche (avec .... et Simon, un des acteurs du Prince et le Pauvre), Barbecue et franches rigolades au programme!

Donc mon agenda se rempli doucement mais sûrement !
A défaut de mon appareil photo que j'oublie à la maison et donc... mais je vous dois toujours un article sur mon lieu de travail, assez atypique, et ça viendra, mais ce soir, j'ai plus marrant à dire :)

Passons à la VRAC attitude !

Aujourd'hui, médamezémessieurs; je vous propose un cours magistral sur le thème


De la volonté d'indépendance et de ses contradictions - Exemple de la loi 101

Introduction : 

Il faut savoir que les Québécois sont un peuple qui demeure TRES indépendantiste et peu enclins à subir les assauts d'uniformisation du modèle de  société de surconsommation américain. Et cela se démarque sur un domaine très précis : le langage. Ils sont très attachés au français et tentent au possible de s'éloigner des anglicismes et de perpétuer le noble art de la langue de Molière. Et on peut les comprendre, car ils ne sont qu'à une heure de la frontière des Etats Unis et vivent dans une société bilingue : la "menace", car on peut appeler cela une menace, de l'uniformisation des langages est présente en toutes circonstances.

 

Paragraphe 1 : La menace est réelle

 

Le Québécois, que nous allons considérer comme une langue différente du Français car suffisamment empreint de singularités qui font qu’un français, au-delà de l’accent, peut ne pas comprendre, est déjà énormément anglicisé. A l’instar du français, vous entendrez parler d’un show,  et non d’un spectacle,  ou du baby-boom (terme d’actualité ici, car peut être l’ignorez vous, le Québec est en passe de perdre 50% de sa population active d’ici 10 ans). Mais cela ne s’arrête pas là, et vous entendrez couramment qu’il faut aller déloder sa voiture (enfin, ici, son « char »^^), version française d’un « dé-loader » pour décharger. Nombreux, et beaucoup plus qu’en français, sont les mots anglais francisé devenus courants.

Par contre, il est très mal vu de dire, par exemple, « email », auquel on préfèrera « courriel » qui est beaucoup plus français. What the fuck, direz vous (ou plutôt , « mais que diantre ! »). Et oui… Tel un petit village barbare, certains mots résistent à l’envahisseur ! C’est ce que j’appellerai les « incohérences » de ce modèle indépendantiste.

Toujours au niveau de la menace, le style de vie est déjà très calqué des normes américaines. Ici, point de centimètres ou de kilogrammes, mais des pouces et des livres. Point de format A4, donc, mais du 8,5’’x11’’ (cela dit en passant, ce format est nettement plus agréable que le A4, plus large et moins long). C’est à peine si on a les vitesses en kilomètre/heure, mais même là, certaines voitures ont des doubles conteurs miles/kilomètres.

C’est donc face à cet environnement très américanisé que la conscience collective du langage se débat.

 


Paragraphe 2 : Une solution : La Loi 101.

 

La Loi 101, de son vrai nom « Chartre de la langue française », institue le français comme langue officielle de la Province du Québec. Elle définit notamment cinq droits fondamentaux : Le droit de chaque personne que toutes les branches du gouvernement, les ordres professionnels, les associations d'employés et les entreprises établis au Québec communiquent avec elle en français; Le droit de chaque personne de parler français dans les assemblées délibérantes; Le droit des travailleurs d'exercer leurs activités en français; Le droit des consommateurs d'être informés et servis en français; et Le droit des personnes admissibles à l'enseignement au Québec de recevoir leur enseignement en français.

 

Pour un habitant lamba, cela veut notamment dire que toute forme de commerce est obligée d’afficher en français (et en anglais s’ils le veulent, du moment que le français est prédominant, c'est-à-dire sensiblement écrit plus gros !). Evidemment, nouvelle «incohérence », la loi fut violemment controversée, y compris et surtout par les partis français. De nombreux amendements ont été faits, mais son corps effectif reste globalement le même.

 

C’est dans les arts et la littérature que pour nous, français, la différence est frappante. De nombreux, sinon la majorité des spectacles, films, livres, sont produits en langue anglaise. Cette loi interdit formellement aux médias de proposer ces œuvres en titre original. La traduction des titres est donc OBLIGATOIRE . Et cela amène le troisième paragraphe, moins instructif et beaucoup plus drôle :

 

Paragraphe 3 : Les traductions de titres de film.

 

En France, une grande partie des films garde son nom anglais, notamment pour les séries américaines qui inondent notre écran. Alors même si on traduit aussi « Music and Lyrics » par « Le Come Back », nous gradons « Toys Story ». Je vous laisse deviner, ici, Buzz et Woody sont les héros de « Histoire de Jouet ». Et votre série préférée « Desprate Houswives » devient un cuisant « Beautés désespérées »

Mais celles qui me parraissent le plus improbables, restent "Grey's Anatomy", qui devient ce qui chez nous serait un parfais film X (dixit Ludo), à savoir Docteur Grey, Leçon d'Anatomie, puis la comédie musicale "Sister Act" qui souffre d'un jeu de mot horrible, j'ai nommé Rock'n'Nonne, et enfin en troisième position, "Cars" qui se transforme en Les Bagnoles. Moi, j'aime :D


Paragraphe 4 : Digression sur la musicalité de la langue québécoise

 

Sans grand rapport, un petit paragraphe sur l’aspect beaucoup plus mélodieux du québécois, qui fait de l’accent un accent tellement sexy en France^^

A l’instar de l’anglais, les québécois manient avec habilité les temps forts et faibles, quand notre français est plat et monocorde. Et bien croyez le ou non, mais cela a beaucoup d’impact… sur la chanson québécoise ! On parle alors de la « prosodie », l’étude des accents et des intonations. La prosodie québécoise est à se point différente de celle française qu’il est très difficile pour un québécois de chanter un texte de chanson française dans lequel les règles de prosodies n’ont pas été respectées (c'est-à-dire n’importe quel texte que vous et moi écrieriez en ne portant attention qu’aux rimes car on apprend ça à l’école), autrement dit si les temps fort des phrases musicales ne tombent pas exactement sur les temps fort des mots. Ainsi, Le Prince et le Pauvre a été ENTIEREMENT réécrit par Ludovic pour coller parfaitement à la prosodie québécoise. Et ça change énormément, y compris pour nous, français, car si on n’y fait pas attention en écrivant ou chantant, on est par contre sensibles à la différence et les phrases de cette nouvelle version nous semblent spontanément plus « musicales ».

Paragraphe spécial pour Marie L: Cela impacte notamment les chansons Disney, qui en rien ne ressemblent à celles en français, elles collent beaucoup plus au texte (« Ce rêve bleu » è « Un monde nouveau ») et sont d’autant plus musicales^^

Moi, en tout cas, ça me fascine !

 

Conclusion :

 

L’étude de la langue québécoise que j’ai menée est très incomplète, et sûrement un peu fausse par moment, car elle a été menée sur trois semaines. Mais elle est alimentée de nombreuses discussions avec des québécois, et c’est pour cela que je voulais vous la donner aujourd’hui. Il sera drôle d’y revenir dans 5 mois, quand j’aurai été encore plus imprégné de ces problématiques !

Voilà les enfants, si vous avez des questions, postez un commentaire, vous aurez un intéro mercredi prochain !

 

                                                                

 

Sur ce, à bientôt, pour une visite virtuelle du « Chat des Artistes », dans lequel je travaille !

 

Simon



 

Par Beltane le Samedi 30 juillet 2011 à 18:31
Ah ah ! Je savais que tu finirais par atterrir à La Banquise !!!
Bravo pour ton exposé sur la langue en tout cas.
Par curious le Lundi 1er août 2011 à 22:48
C'est bien dit! Tu remarqueras bientôt aussi que les Québécois ont des tendances bipolaires, que ce soit à propos de leurs idées ou de leurs choix...
Par izzy-minicrabe le Lundi 29 août 2011 à 4:03
Mais que diantre ! (je t'avoue que j'ai bloqué sur ça)
Par HVHb le Dimanche 11 septembre 2011 à 9:09
bonne synthèse décalée Simon.... à approfondir avec le temps, j'aimerai lire un billet sur le même sujet au bout de ton séjour... le feedback, ouh , pardon le Retex m’intéresse...
Par twoducksinmontreal le Lundi 12 septembre 2011 à 17:44
Oui, à approfondir bien sûr, cet article est plutôt issu d'un grand étonnement et de ma tentative de tout de suite comprendre^^
Avec le temps je me rend compte que c'est un peu plus complexe!

Un article décalé devrait arriver sous peu (mais vraiment décalé!) sur la conversion Québécois - Langage Estudiantin Français :^p
 

Ajouter un commentaire









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://two-ducks-in-montreal.cowblog.fr/trackback/3126683

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast